Cela fait peu de temps que sont nés les aveux D’un rêve merveilleux, au couchant de mon âge : Un homme chaleureux, me tenant le visage Entre ses mains de père, et m’adressant ses vœux...
Je m’insurgeais, jadis : « Quel rite bien pompeux De fêter sa naissance en lui rendant hommage ! ». Cela fait peu de temps que sont nés les aveux D’un rêve merveilleux, au couchant de mon âge...
Le manque douloureux, soudain vif comme feux, Je peux crier enfin, du faîte de l’ombrage : « Ah, j’aurais tant aimé que tu dises l’adage - Tous les ans ! - toi, Papa, qui m’as légué tes yeux ! »...
Cela fait peu de temps que sont nés les aveux D’un rêve merveilleux, au couchant de mon âge : Un homme chaleureux, me tenant le visage Entre ses mains de père, et m’adressant ses vœux...
De cette Dame, dans mon cœur Ayant bâti sa forteresse, Je suis vassale, elle, maîtresse, Son chant, sur moi, toujours vainqueur :
Un goût de miel et de rancœur Dont je chéris et fuis l’ivresse, De cette Dame, dans mon cœur Ayant bâti sa forteresse ...
Amère et suave liqueur ! Toi qui m’envoûtes, en traîtresse, Ai-je pour toi haine ou tendresse ?... Seul, me répond le soir moqueur De cette Dame, dans mon cœur.
Offrant, à la nuit, ma détresse, Elle m’ouvrit tout grand son cœur, M’enveloppant d’une liqueur Qui suspendit toute tristesse.
L’angoisse avançait, comme ogresse, Rongeant mes os, d’un air moqueur ! Offrant, à la nuit, ma détresse, Elle m’ouvrit tout grand son cœur.
D’un silence, cette Maîtresse Stoppa le temps de la rancœur ; Et sous son œil, doux et vainqueur, Je m'endormis dans sa tendresse, Offrant, à la nuit, ma détresse.
Je me souviens du doux velours De nos éternelles caresses ; Et dans le lit de nos ivresses, Je me souviens de nos corps lourds.
Rêvant au destin de mes jours, Certains soirs de douces tristesses, Je me souviens du doux velours De nos éternelles caresses.
Dans mon ciel, flottent, pour toujours, De ton sourire, les promesses ; Et, de ton œil plein de tendresses, Dont – là – s’estompent les contours, Je me souviens du doux velours...
Je ne veux pas chercher la rime. Je veux chanter comme un ruisseau Qui ne sait pas d’où vient son eau, De quelle crête ou quelle cime.
Il court en déversant le flot De son regret le plus intime. Je ne veux pas chercher la rime. Je veux chanter comme un ruisseau.
Il ne sait pas le sort ultime De son suprême soubresaut. Quel sera son dernier berceau, Dans quelle mer et quel abîme ? Je ne veux pas chercher la rime. Je veux chanter comme un ruisseau...
L’Ame de la maison hante le vieux foyer : Silhouette penchée au plus profond de l’âtre Habillant ce tableau de décor de théâtre, Etrange souvenir en mon regard, noyé...
Je la vois se lever, dans son noir tablier ; Elle ouvre le placard où s’effrite le plâtre, Contemplant longuement la vaisselle blanchâtre Comme on compte un trésor en un livre oublié...
Et moi, je suis l’enfant, choyé par cette femme, Se réfugiant le soir, au plus près de la flamme , Dans son giron d'amour, blotti sur ses genoux !
Fidèle âme des lieux, servante ou bien maîtresse, Elle baigne les murs d'une sourde tendresse Embaumant la maison d'un parfum de «chez nous ».