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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 08:33

je reposte ce petit texte ancien, que j'aimerais bien essayer de mettre en poème, est-ce possible...?

à l'époque, des lecteurs m'avaient suggéré que cet envol pouvait être l'envol du poète, osant écrire, se lançant dans le vide de la page blanche....

j'y vois aussi l'expérience musicale...

 

 



 

 

 

     Du haut d'une falaise, face à la mer, je ressens toujours la même nostalgie. La sensation de ne pas pouvoir m'abandonner pleinement à la beauté de la nature. Le désir fou, surtout la nuit quand tout semble possible, de me laisser happer par cette immensité et de voler jusqu'aux confins de l'horizon.
   
Alors parfois, quand le besoin se fait trop pressant, je rejoins cet endroit secret que je suis seule à connaître, et me lance dans le vide.
   
Je plane. C'est facile et doux comme de faire la planche. Le vent me porte, exactement comme le sel dans la mer. Il m'envahit toute entière, dessus et sous la peau. J'ai l'impression de ne faire qu'un avec le vent, de devenir seulement souffle, simple frémissement. La falaise n'est pas loin, je peux m'y accrocher si je veux, toucher et sentir encore les herbes s'agiter doucement. Je me sens en parfaite sécurité.

C'est toujours le même monde, mais celui-ci est silencieux : une brise assourdissante de silence qui  siffle à mes oreilles. Et qui soudain m'emporte !
Tombant dans un trou d'air, me voilà précipitée à toute allure vers l'océan, sombre sous la lune. Instant merveilleux tant attendu, mon ventre tressaille à cette approche vertigineuse. Embruns salés dans les narines et sur les seins, les rouleaux de la mer défilent et avancent vers moi, gris et verts.
   
Frôlant les vagues, ivre de sel éclaboussé, mon corps poursuit sa course amoureuse sur la houle, devenant résonance et son, grondant avec elle. Un genou dans la mer, aspergée jusqu'aux cuisses, je résiste à l'appel des profondeurs et m'élève à nouveau, le vent sous les aisselles.  Mes yeux s'élancent, ailes déployées de la nuit. Mon coeur bondit aux assauts de la lune. Criant comme la mouette. Et comme le goéland, planant à l'infini ! 




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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 06:35

 

Rêverie sur un livre ("la pesanteur et la grâce", de Simone Weil )


Mon amour,
vois-tu, je t'aime,
Mais tu dois me laisser respirer
Me donner mon espace
Et mon temps.

Veux-tu
que nous jouions à un jeu ? 
Je te propose de t'éloigner, juste un peu.
Encore un peu... oui, comme ça,
quelques mètres...

Maintenant, attendons.
Laissons faire
le temps.


Voilà, ça marche déjà !
J'ai à nouveau envie de toi !

Il fallait juste que tu me laisses 
seule dans ma bulle 
quelques instants
Loin de ta chaleur, de ton odeur...

Il me fallait
l'espace et le temps 
de t'imaginer,
de te désirer.

J'avais besoin de rêver
De "te" rêver...
Après tout, ne sommes-nous pas
des êtres de rêve ?


Je voudrais que l'on se regarde
Comme on regarde un paysage
Un paysage sauvage et vierge
que personne
n'aurait encore défloré

Peux-tu essayer
de "laver" ton regard
Pour me voir telle que je suis
vraiment...
 
Telle que je suis, sans toi
loin de toi,
Hors de ta conscience
de tes souvenirs
de tes désirs...
  
Comme si "tu" n'étais pas là, 
Comme si tu "n'existais" pas,
Me regarder avec les yeux de l'absence,
Du Néant...


Je sais, c'est difficile.
Mais c'est ainsi que je suis "moi"
Tout comme ce magnifique paysage
Que personne n'a encore vu

Et qui pourtant existe,
quelque part,
Dans sa pureté originelle

Tel que Dieu l'a rêvé
De toute éternité.

 

 

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 07:16

.......

pour compléter la vidéo de chopin, ce texte qui a été écrit il y a longtemps, à quatre mains, sur une idée de Myriam, "Sam" ( titre  initial : " si mon Berry m'était conté", sur le thème du "voyage", réel ou imaginaire).

 

la première partie, parlant de George Sand et Chopin, me revenait...

 

Chopin-et-sand.jpg


 

De sa chambre, Marie contemple le paysage.

Une envie impérieuse de sortir à cheval la saisit, malgré cette fraîche journée d’automne...

 

L'odeur humide du matin embaume, et une vapeur fumante s'exhale des nasaux frémissants de l'animal tandis qu'ils parcourent les vallons rougissants, les bosquets touffus, les clairières encore vertes...

 

La curiosité emmène la jeune femme sur le chemin de Gargilesse où le hasard l'avait conduite l'an passé. La voici de nouveau devant la petite porte de bois, en haut des sept marches en pierre qui mènent à la maison du célèbre écrivain.

 

Le son d'un piano s'échappe de manière feutrée des vieilles fenêtres… Les notes, envoûtantes, semblent ne faire qu'un avec le paysage féerique qu'elle vient de parcourir ; cette campagne berrichonne si sauvage, quasi paradisiaque…

 

" Par quelle magie, se demande Marie, un piano devient-il tout à la fois ombre et lumière, couleurs, forêts, étangs ou ruisseaux ? Comment la musique peut-elle exprimer un tel sentiment de nostalgie face à la Nature ? Sensation si diffuse et impénétrable… "

 

Soudain, par les volets ouverts, apparaît la silhouette d’une femme, toute de noir vêtue, assise à contre-jour...

C'est elle ! George Sand en personne…

 

Marie s’approche.

 

" Que fait-elle ? ".

 

La femme brune penche la tête, visiblement en proie à une rêverie profonde à l’écoute de la musique. Elle tient doucement les mains croisées sur sa poitrine dans un geste protecteur, maternel, comme pour retenir et bercer sur son cœur les sons mystérieux en train de naître en sa demeure...

 

" Comme si elle voulait arrêter le temps…", songe Marie.

 

S'étirant voluptueusement, l’écrivain se lève. Elle se dirige vers une autre fenêtre où se dessine le dos voûté d’un homme ; un pianiste devant son instrument… Se blottissant contre cette fine silhouette, elle tourne avec sollicitude son regard vers le manuscrit sur lequel l’homme écrit d’une main tremblante, tout en continuant à jouer de l’autre...

 

Sa suave amante l'embrasse tendrement, puis le laisse à sa solitude, s’éclipsant de la vue de Marie.

 

Les yeux levés vers le ciel, Chopin passe fébrilement ses longs doigts délicats dans ses cheveux clairs. Soudain, il repousse vigoureusement les pages loin de lui, et s’abîme un long moment dans la contemplation de son clavier…

 

Du piano s'élève alors, tel un arc-en-ciel libéré de toute entrave, un morceau d'une beauté poignante, déchirante !

 

Saisie par l'intensité et l'harmonie qui se dégagent de cette musique improvisée, Marie ressent la douleur du compositeur à l'égard de la partition qu'il vient de jeter rageusement. Bouleversée, elle réalise tout à coup qu’elle vient d'être le témoin privilégié, bien qu’indiscret, de l'intimité de l’artiste... Fixer son inspiration sur le papier semble pour Chopin la pire des prisons… Quelle épreuve de s’astreindre à une telle discipline quand la créativité vous saisit le cœur et les doigts, tel un feu dévorant qui vous emporte là où il veut… !

 

George Sand apparaît de nouveau dans la pièce, tenant un plateau qu’elle pose sur un petit guéridon, lentement, pour ne pas déranger son amant…

 

Revenue à son bureau, l'écrivain prend la plume, tandis que Chopin ramasse les feuillets épars.

 

Une dernière fois, Marie aperçoit à la fenêtre le profil aigu du compositeur...

 

Les personnages deviennent brusquement flous, pour disparaître complètement.

 

Marie se frotte les yeux. Les meubles sont à leur place, mais les pièces vidées de toute présence…


 

 


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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 15:13

 

Atelier d'écriture : insérer une toiletteuse pour chiens, un insomniaque, un bonzaï, un fauteuil-crapaud...

 




LE FAUTEUIL

 

- Ah non ! je garde le fauteuil crapaud !

- Tu exagères ! il était à ma mère…

- Je sais… bon, écoute, je te l’échange contre mon bonzaï…

Bertrand esquissa un sourire…. « ce bonzaï est vraiment très beau.. et c’est vrai que ce vieux fauteuil est défoncé depuis longtemps.. »

- OK, ça marche !

- Et ça te fait rire !!

Denise, elle, fronçait les sourcils. « Quelle galère cette étape de la séparation ! ».

Heureusement, son mari avait toujours été conciliant :

- Bah ! on va pas se déchirer pour des choses matérielles ! Et puis on ne divorce pas vraiment, on décide juste de vivre séparément, pour vivre chacun à son rythme… et tu sais bien que je..

-Je sais, je sais… quand même c’est dur, la maison va paraitre vide… finalement je t’envie, toi tu vas avoir la sensation de repartir à zéro dans ton nouvel appartement…

- Allez, garde-le ce bonzaï…c’est le tien, tu l’as bien soigné…

- Non, non... tu sais bien que, de nous deux c’est toi le plus « japonisant » ! ça m’est égal… par contre, ce fauteuil…

- Comme tu veux… bon, il est l’heure, je file…. A samedi ? de toute façon, tu m’appelles s’il y a le moindre…

- Oui, oui…

- Et sois raisonnable quand même avec tes insomnies, essaye d'écrire le soir, ou le matin... N’abuse pas, sinon tu ne tiendras pas le coup au boulot ! Tu ne veux vraiment pas quelques-uns de mes somnifères ? je t’assure, ils sont légers…

- Arrête, ne recommence pas… bonne journée !




Denise s’assit dans le fauteuil. Le silence s’abattit instantanément dans la pièce. Un silence oublié depuis longtemps. Elle se souvint de sa première piaule de jeune fille.... Silence, solitude, angoisse… Elle pleura. Doucement, longtemps.

Mais peu à peu, elle ressentit une sorte de chaleur étrange, émanant du fauteuil sur lequel elle était assise. Oui, là, sous ses fesses, une chaleur se faisait de plus en plus intense … Elle se redressa légèrement, caressa les accoudoirs… La chaleur redoubla, inquiétante et grisante à la fois.

Elle ferma les yeux, soupira profondément.

Mais un bruit à ses pieds la tira de sa torpeur :

- Ah te voilà… ? ma pauvre, nous voilà seules maintenant…

Elle approcha sa main de la fidèle petite chienne noire qui avait partagé avec eux ces dernières années.

Machinalement elle tata ses longs poils emmêlés.

- Tu es mal brossée... oh je t’ai délaissée ces jours-ci, pardonne-moi ! Pour l’animal de compagnie d’une toiletteuse professionnelle, tu es vraiment mal lotie !

La petite bête regardait la pièce avec suspicion, en poussant de petits gémissements.

« Elle s’aperçoit du changement, elle doit être sensible à tous ces objets manquants…oh c’est triste ! »

La chienne sauta sur ses genoux, et allongea sa patte sur la poitrine de sa maitresse.

- Demain, je te promets, je t’emmènerai avec moi au travail, et tu seras la première à être bichonnée, parfumée…. Mais pas aujourd’hui, je n’ai pas le coeur à aller travailler, c’est trop dur…

Elle plongea son regard dans les yeux brillants de l’animal.

- Tu le sais toi, n’est-ce pas, que ce métier ne m’a jamais convenu ? et pourtant, ce n’est pas le moment de faire la difficile…deux loyers à payer...

La petite bête se blottit contre elle, et elles s’endormirent ensemble dans le fauteuil.

Quand Denise ouvrit les yeux, la nuit était tombée. Elle se désola une fois encore, pensant qu’elle n’aurait à nouveau pas sommeil cette nuit. Ces insomnies, cause de leur séparation, étaient devenues systématiques, et Denise en avait pris son parti. Pas question pour elle de consentir à se droguer de médicaments.

C’est alors que la «chose » se reproduisit. La chaleur.... La chaleur intense émanant du fauteuil de sa belle-mère…

Elle s’entendit crier dans la pièce étrangement vide :

- Pardonnez-moi, madame ! Je n’ai pas été une bonne épouse pour votre fils … pouvez-vous me pardonner…

La chaleur dans tout son corps augmentait toujours, presque brûlante. Elle s’arracha à cette sensation troublante, se leva en déposant délicatement dans le fond du fauteuil le corps complètement abandonné du petit animal, et se dirigea vers le bureau.

Elle saisit son crayon, son cahier, et soudain, les jeta violemment. Elle réfléchit un instant, puis, se retournant, elle vit la chienne, assise dans le fauteuil, se tenant bien droite.

Elle l’entendit distinctement articuler :

- N’oublie pas la bougie !

Persuadée qu’elle était en train de devenir folle, Denise s’exécuta pourtant, et, comme une automate, elle installa son petit rituel habituel : la bougie sur la gauche, le cahier bien au milieu, crayon et gomme à droite…

Elle regarda encore une fois du coté du fauteuil avant de s’installer pour de bon à son bureau.

Croisant le regard de la chienne, elle vit celle-ci cligner des yeux à son intention, comme l’aurait fait… un chat…! Denise ne put s’empêcher de repenser alors au premier chat de sa vie…

Elle s’entendit répondre intérieurement une sorte de « oui ». Comme une acceptation de quelque chose ; une chose dont elle n’avait pas encore totalement conscience, mais
qui la reliait aux êtres qu'elle avait aimés dans sa vie....

Et tandis qu'elle commençait à écrire, elle ne savait plus quelle était la voix qui parlait en elle.





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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 14:58

 

 Tableau de Gunnar Berndtson. "la chanson de la mariée"

 

 

 

 

Je l’ai gravé dans ma mémoire, ce jour…

 

Vingt ans après, debout devant mon chevalet, chaque détail, le moindre éclat de lumière coulent au bout de mon pinceau, comme si c’était hier.

 

Je suis assis à côté de mon père. Un père âgé pour le garçon de douze ans que je suis. En face : ma mère. Et son éternelle et rouge autosatisfaction.

 

Papa ne fait que pleurer. Mon oncle le charrie un peu. Il fait partie de ce monde "rougeot", du coté de ma mère… 

 

Je suis comme mon père : plutôt sec, le teint jaune. Mais je ne pleure pas. Pensez donc ! Un gamin de douze ans, pleurer au mariage de sa sœur ! 

 

Mes parents m’ont eu sur le tard. Je n’ai jamais eu à me plaindre de ma sœur, si ce n’est ce fossé des années entre nous. Pour elle, je n’ai toujours été qu’un « bébé ».  

 

Elle ne pourrait pas comprendre… Alors, je ne montre rien. Je bouffe. On remplit sans arrêt mon assiette avec des tapes dans le dos qui semblent dire : « Tu en as de la chance, hein ? Ta sœur se marie ! »…

J'ai même eu droit à ma première coupe de champagne... 

 

 

Je me souviens… Je m’étais éclipsé avant la fin du repas. Dans la cour, il n’y avait que ce vieux chat, interdit de maison. Je l’ai pris sur mon cœur en lui promettant que, pour lui tenir compagnie, je me privais de dessert. 

 

C’est alors que de la fenêtre entrouverte, j’ai entendu sa voix…. Je me suis approché. Elle était debout, si jolie…


J’ai regardé son mari. Lui aussi était en admiration devant elle. Heureusement, je l’aimais bien, « l’amoureux de ma sœur », comme on l’appelait... Pas un rougeot comme mon oncle et ma mère.

 

Je serrais de plus en plus fort le chat contre moi. Elle chantait. De sa si belle voix, celle qui m’avait tant bercé.


 

Je regarde ma toile. Au premier plan, cette place vide, tandis qu’elle chantait.,rayonnante ...

« Ma » place…


Et ce regret , resté en suspens : pourquoi ma soeur ne s'est-elle pas aperçu de mon absence tandis qu'elle chantait le jour de son mariage...?


 

 

 

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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 08:39

 





- Est-ce le bruit du vent ? demanda son fiancé en se dégageant de dessus son corps pour mieux écouter.

- Oui, c’est comme ça tous les matins, à cette heure-ci. C’est le vent qui descend de la montagne en poussant quelques feuilles sur la route.

- C’est magique. Inquiétant…

- Oui... mais le plus inquiétant, tu vois, serait de ne plus l’entendre. Cela signifierait la fin du monde…

Il posa sa tête sur sa hanche.

- Cela n’arrivera jamais, je te le promets…

Il effleura l’intérieur de sa cuisse, plus doucement que le souffle caressant du village. Il ne cherchait pas à l’émouvoir, seulement à la rassurer. A ce que sa caresse soit comme une promesse. Chaque jour renouvelée, comme la brise du matin.

- Tu sais, notre vent, c’est une vraie personne pour nous. Il a son caractère, ses humeurs…

- Oui, j’entends ça… c’est beau. Beau à en pleurer.

Il se remit sur elle, plus léger que la feuille d’automne. La fraîcheur de l'aube laissait enfin leurs corps respirer à l’aise. Ses lèvres se refermaient chastement sur sa peau comme un pacte solennel qu’il aurait voulu apposer sur chaque atome de son être.

Sur ses seins, il s’aperçut qu’un désir tout neuf dormait sous la cendre de la veille, toujours plus ardent.


Il comprit que ce feu durerait jusqu’à la fin des temps... Que l'amour pousserait chaque jour de nouvelles feuilles sur la route, et que ce rituel se répéterait aussi longtemps que dévalerait de la montagne, le petit vent de Nyons...



domi


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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 15:32

 

Cézar Conccioli vint au monde dans une famille d'origine italienne de la fin du XIXème siècle. Installés dans cette bourgade du nord de la France, ils étaient doués de père en fils pour le métier d'amuseurs de rues. Il s'agissait de distraire les gens en mettant en scènes des petites représentations sur les trottoirs et Cézar devint un acrobate hors-pair. Il enviait son père, le "comique", sorte de clown avant l'heure et l'ami des enfants, mais celui-ci lui disait toujours d'attendre. Attendre quoi ? Cézar ne le savait pas. Un signe sûrement, mais lequel?

Les années passaient et Cézar progressait dans son art, même si les recettes se faisaient de plus en plus maigres. Un jour, le jeune homme négligea de manger, préférant donner sa part à son petit frère et commença son numéro le ventre complètement vide sous le regard désapprobateur de son père. Au début, il se sentit fort bien, plus léger que d'habitude même et les applaudissements furent à la hauteur de son adresse. Mais soudain, tout se mit à tourner devant ses yeux ! Il s'élança quand même en arrière pour la triple pirouette, mais la faiblesse de ses jambes en manque de nourriture était telle qu'il perdit l'équilibre. Il se sentit tomber à la renverse, avec l'impression très désagréable que ses pieds s'enfonçaient dans quelque chose de flasque, d'inconsistant, la sensation très étrange d'avoir du mou à la place des talons...

Alors qu'il s'affalait sur le dos de tout son long, ses grands bras battant l'air comme les ailes d'un moulin, il cria sans réfléchir cette phrase demeurée célèbre : "J'ai.... j'ai l'estomac dans les talons... ! ".


L'hilarité générale et un tonnerre d'applaudissements accueillirent sa chute et cette pirouette verbale ! Tous s'accordèrent pour trouver cette expression inédite - "avoir l'estomac dans les talons" - d'un humour et d'une originalité irrésistibles ! Emerveillé, Cézar entendit le rire cristallin des enfants flotter au-dessus de celui de son cher papa et, sur un petit nuage, il vit ce dernier lui tendre la main pour le relever.
 
Une fois debout, son père le prit par les épaules et déclara au vu de tous d'une voix forte : "Mon fils, cela fait longtemps que tu souhaites devenir "comique". Ce jour est arrivé. J'attendais le signe, tu viens de nous le donner !".


L'expression devint à la mode, d'autant que le niveau de vie chuta considérablement à cette époque et que beaucoup de gens avaient bien souvent "l'estomac dans les talons"....

 

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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 08:04

 
 Elle fut réveillée par le vent.


 Et tout revint en elle ; souvenirs, enfance, solitude, joie...

 Bien à l'abri, le sentir passer, souffler, siffler....  
 
La vie continuait !

 Le vent venait de loin. Comme la vie... 
 
Elle se sentit en repos, petite et grandiose devant les éléments.
 
La vie était en elle, comme en tout et en chacun.
 
Le vent la traversait, donnait un sens ; comme une voix....
 
Elle se sentit "préhistorique"...

Elle se souvint de ce jour où, renonçant à dormir sous la tente, elle avait ressenti le ciel comme le seul et le plus sécurisant des toits !
 
Le vent lui rappelait tout cela.
 
Rassurant, menaçant, le vent lavait tous les ombrages, balayait les doutes.
 
Il respirait en elle.
   
Elle devenait elle-même le vent, la voix...
   
La vie.
 
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10 octobre 2007 3 10 /10 /octobre /2007 10:51

 

atelier d'écriture poudreurs d'escampette : écrire un récit où le vin tient le rôle principal

  

  
Elle marchait depuis si longtemps qu'elle perdait peu à peu la notion du temps et des choses. Elle avait pris ce versant nord parce qu'il lui semblait correspondre à son état de désespoir et de solitude absolus. De l'autre coté de la montagne, le soleil lui renvoyait une image qui lui semblait irréelle ; formes et couleurs artificielles, inaccessibles et plates de carte postale...

Un sursaut de lucidité la fit soudain paniquer ; elle était à présent tellement transie qu'elle ne se sentait plus la force de rebrousser chemin. Son envie de mourir l'avait-elle conduite trop loin cette fois, était-elle vraiment en danger ?


Tout à coup, la neige se mit à voler de tous cotés et à une vitesse vertigineuse une tempête se leva, tourbillonnant autour d'elle. Perdant le souffle, elle s'accroupit au bord d'un talus et enfouit sa tête dans son anorak.

Dans un état second, elle sentit qu'on la soulevait par les épaules et eut encore le réflexe de craindre pour sa vertu au contact de ces deux mains puissantes sous ses aisselles ; celles d'un homme dont elle perçut l'odeur et la carrure...

Quand elle reprit conscience, ses yeux s'ouvrirent sur la couleur dorée d'une pièce vétuste, à forte odeur de feu de bois. Frissonnante, elle aperçut la masse noire et imposante d'un dos viril, assis à une table. Ce n'est que lorsque l'homme se retourna vers elle qu'elle réalisa qu'elle avait merveilleusement chaud, et qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bien ...

— Que faisiez-vous dans ce coin perdu, toute seule ? Y a pas idée, par un temps pareil !

Elle n'eut pas la force de répondre, seulement de sourire ; de ces sourires que seuls savent offrir les rescapés.

Elle parcourut des yeux la pièce ; poutres en bois, plafond bas...

"C'est une ferme de montagne, un de ces vieux chalets suisses...", pensa-t-elle.

— Je n'ai pas grand-chose à vous offrir... vous en voulez ? demanda l'homme.

Deux verres étaient posés sur la table ainsi qu'une petite bouteille de vin. La lumière du feu s'y reflétait en dansant. Elle voulut se lever du petit lit où l'homme l'avait installée ; il l'aida à le rejoindre et à s'asseoir à ses cotés.


Elle le regarda.

"C'est un vigneron, comme il en reste quelques-uns par ici..."

— Je veux bien, s'entendit-elle prononcer d'une voix rauque qu'elle ne se connaissait pas…

Elle aima le son de cette voix, comme si elle s'entendait parler pour la première fois.


Les traits de l'homme se détendirent dès qu'il entreprit de déboucher la bouteille.

— Mais elle n'est pas entamée ! Non, il ne fallait pas en prendre une exprès pour moi… protesta-elle.

— Si, si, j'y tiens…. c'est mon petit dernier, vous m'en direz des nouvelles.
     
— Oh, moi, vous savez, en vins, je ne m'y connais pas…

— Faites-moi confiance, c'est exactement ce qu'il vous faut, croyez-moi.

— Et puis le blanc, je suis moins habituée…

— Chut…. goûtez plutôt…

Les sons, les odeurs, les couleurs, tout redoublait d'intensité dans le silence ouaté du vieux chalet. Le liquide heurtant les parois du verre roula comme la voix forte d'un torrent, le rire d'une cascade, le chant d'une source…

— C'est la fête ! plaisanta-t-elle.

Ils sourirent tous les deux. Elle dessina de ses doigts le contour du verre que l'homme lui tendit, et ils se regardèrent. Leurs yeux brillaient. I


ls ouvrirent la bouche ensemble pour parler, et se turent, d'un commun accord.

Un petit rire, et l'homme dit tout bas en cognant son verre contre le sien :

— A la vôtre…

Elle répondit quelque chose mais aucun son ne sortit de sa gorge.

Le regard suspendu aux lèvres de l'homme, elle s'appliqua à boire en même temps que lui. "C'est une communion..." pensa-t-elle.

Sans le quitter des yeux elle renversa la tête en arrière, tandis que le soleil réchauffait son cœur et que le miel de la vie abreuvait doucement ses veines.


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29 septembre 2007 6 29 /09 /septembre /2007 14:14



   
Le soleil se lève. Rayon ocre foncé léchant ce coin de pièce. Mes rêves de silence se déchirent sur le premier cri de marmotte. En écho, celui d'une buse.

Sur mon cou une caresse humide. La truffe affectueuse de mon berger des Pyrénées, si heureux de mon réveil.

Je pousse lentement la porte en bois. Grincements magiques. Musique pure et familière dans la lumière intense qui, déjà, m'assaille. Chaque brin d'herbe me salue. Ebouriffé. Irradié de rosée.

C'est le premier appel. Bêlement tremblant, émouvant, de mes chèvres impatientes. Mon chien jappe, fou de joie à l'idée de leur délivrance. Je les flatte une à une, m'imprégnant de leur parfum de poils, chauds et secs.

Je rejoins le chalet. Une flambée de bois mort dévore mes doigts gelés, tandis que mon compagnon lape en rythmes saccadés le lait de la veille, déjà caillé...

Mes yeux se plissent à la fenêtre. Eblouis.
   
Débordant de reconnaissance, je coupe une large tranche de ce bon pain aux relents de thym et de sauge. Etaler le fromage frais, doucement salé, et sortir le vin. Le vin de la vigne dure, capricieuse, à flanc de coteaux.

Jusqu'au soir, je foulerai les rochers. Grimpant toujours plus haut, en quête de champignons et d'herbes sauvages. Surveillant, de loin, mes bêtes dispersées.

Dans mon coeur un seul espoir ; celui de me repaître du chant d'un torrent... d'apercevoir au creux des pierres un troupeau de chamois..  et de suivre, comme un cadeau, le vol de l'aigle à l'affût...

La vie s'écoulera, éternelle sous le temps.

Hors du temps.


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PrÉSentation

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Un bout de moi

PHASME






Mots vides
sans style
de mon stylo
miasmes
de mes poèmes
sans chair
sans ossature
je me sens phasme
brindille
fétu
tige droite
sans âme
une écharde
 un trait
 un tiret
sur ma vie
ce que je suis
ligne
longue
sans poil
sans plume
sans feuille
 un brin
sans racine
sans ventre
une fente
une ébauche
une rayure
petite griffure
faite à la plume
une strie
figée
bâton
bout
de
bois
vide
bout
de
vie

Mes préférés...

Poème


"Je suis"


Je suis

la plume

qui gratte

la page

et qui

la griffe


Je suis

la griffe

qui s'accroche

à l'herbe

du gouffre


Je suis

le gouffre

qui grandit

chauqe jour

au bout

du chemin


Je suis

ce chemin

qui ne mène

nulle part


J'écris...


publié dans "écriture"


Mon petit dernier préféré :
La pesanteur et la grâce

Lumière du Sud

 

 





 


La calèche

Envol

Le vieux guide

Le pays du vent

Communion

L'odeur du temps

L'oiseau de l'aube

La toile

Printemps


Chats (cliquez sur le chaton) 

 








Chanson et
récit autobiographique :
(cliquez sur le phonographe)
 
"Domino",

 

 






 
 

 

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