Quand Paul et Marie descendirent de l’avion, une brise enchanteresse de bord de mer leur caressa le visage, accompagnée d’une délicieuse odeur de pins.
Dans le flot des passagers qui regagnaient lentement la sortie, Marie ne put s’empêcher de sourire en remarquant une jeune femme marchant devant eux, la main crispée sur sa jupe portefeuille (déjà très courte) qu’un vent capricieux soulevait de tous cotés.
L’instant d’après un fou rire les pliait en deux à la vue d’un pauvre type accroché à l’horizontal, luttant désespérément pour ne pas se faire emporter ! De sportifs jeunes hommes vêtus de petits uniformes rouges heureusement veillaient au grain, apparemment chargés de se précipiter à l’aide de toute personne incapable de contrôler la force de son propre vent !
- Et bien, nous y voilà, dit tout haut Marie en reprenant son souffle, nous sommes effectivement au Pays du Vent.
Remarquant une femme plus âgée qui semblait attendre en souriant calmement, Marie constata qu’aucun mouvement n’effleurait la dentelle qui encerclait son visage tandis qu’une mèche rebelle s’agitait sans répit devant les yeux de l’enfant qu’elle tenait dans ses bras.
- C’est donc ça... Ici, chacun trimbale avec lui le vent qui lui correspond, sa propre exhalation...
Grimpant dans le taxi qui devait les emmener à l’hôtel, ils furent assaillis par un bruit de tornade assourdissante qui vrombissait dans toute la voiture. Les joues défigurées par la violence de son vent, le chauffeur hurlait pour se faire entendre, respirant bruyamment par la bouche entre deux grimaces, les cheveux hérissés sur le crâne !
- vol au vent
Quand ils l’interrogèrent sur l’autre salle, celle des vents forts, elle leur apprit que les repas y étaient plus consistants, à base de purées et autres tartifflettes bien lourdes susceptibles d’éviter ou du moins d’atténuer toute prise au vent intempestive...
Regagnant leur chambre ils riaient encore à l’évocation de cette première soirée au Pays du Vent, glosant au sujet d’un champagne - soi-disant éventé - devisant sur la "légèreté" probable d’une certaine porteuse de jupe portefeuille ou sur la cupidité décoiffante d’un pathétique chauffeur de taxi...
- Tu te rends compte, ils proposent même des cures anti- bourrasque-personnelle ici !
Alors sans plus de résistance ils se laissèrent emporter dans le tourbillon du désir.