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26 août 2006 6 26 /08 /août /2006 15:42
 

     Quand Paul et Marie descendirent de l’avion, une brise enchanteresse de bord de mer leur caressa le visage, accompagnée d’une délicieuse odeur de pins.
  
La mer n’était pourtant pas si proche...
 
Ainsi le couple d‘amis qui leur avait chaudement recommandé ce voyage ne s’était pas trompé ; ce séjour au Pays du Vent s’annonçait d’emblée bien agréable.

Dans le flot des passagers qui regagnaient lentement la sortie, Marie ne put s’empêcher de sourire en remarquant une jeune femme marchant devant eux, la main crispée sur sa jupe portefeuille (déjà très courte) qu’un vent capricieux soulevait de tous cotés.
 
(Mais dès qu’elle aperçut le sourire béat de Paul, celui-ci fut immédiatement rappelé à l’ordre par un coup de coude bien ajusté dans les côtes !).
 
L’instant d’après un fou rire les pliait en deux à la vue d’un pauvre type accroché à l’horizontal, luttant désespérément pour ne pas se faire emporter ! De sportifs jeunes hommes vêtus de petits uniformes rouges heureusement veillaient au grain, apparemment chargés de se précipiter à l’aide de toute personne incapable de contrôler la force de son propre vent !

- Et bien, nous y voilà, dit tout haut Marie en reprenant son souffle, nous sommes effectivement au Pays du Vent.

Remarquant une femme plus âgée qui semblait attendre en souriant calmement, Marie constata qu’aucun mouvement n’effleurait la dentelle qui encerclait son visage tandis qu’une mèche rebelle s’agitait sans répit devant les yeux de l’enfant qu’elle tenait dans ses bras.

- C’est donc ça... Ici, chacun trimbale avec lui le vent qui lui correspond, sa propre exhalation...

Grimpant dans le taxi qui devait les emmener à l’hôtel, ils furent assaillis par un bruit de tornade assourdissante qui vrombissait dans toute la voiture. Les joues défigurées par la violence de son vent, le chauffeur hurlait pour se faire entendre, respirant bruyamment par la bouche entre deux grimaces, les cheveux hérissés sur le crâne !
 
Au moment de payer, Paul lutta un bon moment avec les billets que le vent furieux du bonhomme renvoyait inexorablement vers lui, finissant par les lui engouffrer à même la poche en le suppliant de garder la monnaie !
 
La portière à peine refermée sur le chauffeur ils ne purent s’empêcher de lui souhaiter "bon vent", s’enfuyant vers l’hôtel en riant et courant comme des gosses, un peu honteux d’avoir cédé à la tentation d’une vanne aussi facile mais trop heureux de retrouver la douceur de leur brise personnelle...
 
Mais cette soirée bascula définitivement dans l’hilarité quand le groom les accueillit à la porte du hall d’un joyeux et innocent : " Bonjour M’sieur, Dame, quel bon vent vous amène ? "...
 
Avalé en coup de vent à cause d’un courant d’air persistant, le dîner lui aussi se déclina sur le même mode, cocasse et... venté.
 
D’abord accueillis à l’entrée du restaurant par une jeune femme à la houle légère qui leur indiqua immédiatement d’un sourire entendu la salle des vents doux, ils l’entendirent énoncer sans rire, après la traditionnelle coupe de champagne de bienvenue, le menu suivant (qu’elle prit la peine de qualifier de "léger") :

- vol au vent
- légumes vapeur
- soufflé au fromage 

Quand ils l’interrogèrent sur l’autre salle, celle des vents forts, elle leur apprit que les repas y étaient plus consistants, à base de purées et autres tartifflettes bien lourdes susceptibles d’éviter ou du moins d’atténuer toute prise au vent  intempestive...

Regagnant leur chambre ils riaient encore à l’évocation de cette première soirée au Pays du Vent, glosant au sujet d’un champagne - soi-disant éventé - devisant sur la "légèreté" probable d’une certaine porteuse de jupe portefeuille ou sur la cupidité décoiffante d’un pathétique chauffeur de taxi...

- Tu te rends compte, ils proposent même des cures anti- bourrasque-personnelle ici !
- Oui, on aura tout vu...
- C’est quand même un peu effrayant, non ?


Tandis que l’hôtel s’endormait peu à peu dans un relatif calme plat, le couple retrouva enfin sa sérénité. Leurs deux corps tendrement enlacés, une odeur puissante de pins sauvages se dégagea de leurs étreintes et leur brise commune se fit plus chaude, presque brûlante.
 
Alors sans plus de résistance ils se laissèrent emporter dans le tourbillon du désir.
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Je suis

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chauqe jour

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