J'ai besoin de ta flamme, âtre de l'ancien Temps !
De ce crépitement qui réchauffe mon âme
Quand dehors, le crachin - le disputant aux vents -
Fait pleurer les grands pins de leurs embruns chantants...
Cher foyer d'autrefois, je veux être la femme
Qui garde la maison et nourrit cette flamme.
Suis-je antique Pythie, prêtresse de la Flamme ?
Recevrai-je des Dieux les messages du Temps
En allumant ce Feu, qui brûle toute femme...?
Ai-je ce don sacré, ai-je ce don de l'âme
De lire l'Avenir dans les brasiers chantants ?
Eole, réponds-moi, O toi, Maitre des Vents !
Las ! je dois me blinder, face à ces traîtres vents
Qui rabattent la pluie, éteignant cette flamme !
Je n'ai d'autres talents que mes rêves chantants
Qui crépitent gaîment dans les flammes du temps...
Je ne suis qu'espérance, élans furtifs de l'âme,
Et je ne suis qu'un cœur, je ne suis qu'une femme...
Mais je veux ressembler à cette illustre Femme,
Silhouette vénérée, errant aux quatre vents,
Dont l'ombre s'est gravée aux tréfonds de mon âme...
Assise dans le soir, tout auprès de la flamme,
Elle offre son visage aux brûlures du temps ;
Elle est La Mère aux doux girons, chauds et chantants !
Elle se penche, humant les noirs chaudrons chantants...
Gardienne du passé, elle est plus qu'une femme :
Elle est la Source Unique, amoureuse du Temps,
Elle, qui sait aimer et parler aux grands vents !
Pour ses petits enfants, son cœur est une flamme,
Pour l'homme du logis, elle est l'Essence et l'Ame !
Si je me suis perdue en ces chemins de l'âme,
Lecteur, ne blâme pas ces quelques vers chantants...
C'est que, depuis longtemps, je chéris cette flamme
Sans savoir le pourquoi j'y vois toujours « La Femme » :
Aujourd'hui me l'ont dit les accents des grands vents
Que j'ai laissés fleurir sur les rimes du temps...
Poètes, mes amis, que cette âme de femme
Vous inspire des vers chantants par les grands vents !
Chauffez-vous à son cœur ! A la flamme du Temps...