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19 juin 2006 1 19 /06 /juin /2006 14:29



Cinquième chat-pître



A la même époque, surgit de la nuit un chat noir que je n'avais jamais vu. Coup au cœur, il me rappelle Tistou. Comme il se doit, je pratique mon test nourriture. Il a faim. Mais repart sans se retourner.

Environ quinze jours plus tard, il réapparaît de la même manière, surgissant de nulle part… Heureuse de le revoir, car déjà très amoureuse de lui à cause de sa ressemblance avec Tistou, je bondis : "Ne bouge pas, je vais te chercher quelque chose à manger !"

S'est ensuivi une scène cocasse...

Totalement naïve, je me précipite dans la cuisine comme s'il y avait le feu, et accours vers mon chat, une assiette à la main, plus de chat ! Je regarde autour de moi, baisse la tête et… TROIS chats noirs sont là, à mes pieds, très impatients de goûter ce que je tiens à la main !
J'avais dû m'enfuir à la cuisine avec une telle fougue que le chat noir et mes deux chattes noires (qui avaient dû assister à la scène) m'avaient tous, d'un même élan, suivie à la cuisine sans que je m'en aperçoive, et suivie encore quand j'étais repartie, tout aussi précipitamment, là où devait m'attendre notre visiteur.
Quand je pense que j'ai préparé à manger sans voir que j'avais trois chats noirs dans les pattes !

Erreur fatale : le nouveau venu avait "visité" ma cuisine, avait constaté la "bonne poire" que je suis, et n'a pas du tout détesté ma nourriture. Il s'incruste.

Nous craquons un peu pour lui, surtout moi. Nous laissons faire, il est si tranquille, pas de bagarres...

Hélas pour lui, Poupoune s'étant un jour approchée de lui, totalement inoffensive comme d'habitude, il s'est permis - scandale! - de lui faire des "remontrances".

Je n'ai pas supporté. On ne touche pas à mon bébé !

C'était le test ultime : "Padou"- baptisé ainsi car nous ne savions "pas d'où" il venait - ne ferait pas partie de la famille.

Petites annonces le décrivant, rien, absolument rien.

Padou est calme, solide. Je décide de lui demander de repartir, de mener sa vie comme il l'a toujours menée. Après tout, c'est lui qui, la première fois, est reparti sans se retourner et n'est pas revenu pendant quinze jours ; il a sûrement un foyer, c'est seulement la gourmandise qui l'attire chez nous.

C'est dur. Il insiste. "Culotté" comme tout, il entre par "effraction"; (hé oui ce n'est pas tous les jours qu'on trouve une bonne maison). Je lui explique qu'il faut se dire adieu. Je ferme la fenêtre (et mon cœur) et lui demande de partir. Il a compris.
Je sais qu'il ne faut pas que je me penche, ne serait-ce que pour lui jeter un dernier coup d'œil. Mais je craque. J'ai regardé… Il savait que si je le regardais une dernière fois, c'est que je l'aimais ! Il revient en courant.

Il est là, mais nous n'en voulons pas.

Un jour, une femme sonne à la porte. Quelqu'un lui a dit que nous avions un chat à donner, et elle cherche un chat pour l'anniversaire de sa fille (malheureusement, à l'époque, je ne connaissais pas le fameux test "anniversaire pour ma fille" - pour les humains cette fois - test reconnu "fatal").

Devant son aspect inquiétant, je mens au sujet de Gavy qui n'était pas encore placé à l'époque. Qu'il me pardonne, je lui propose Padou.

La mâchoire de travers, noir, vieux, les pattes arquées, elle craque: "Qui voudra de ce chat ? Personne ! Si je ne le prends pas il ne sera jamais adopté."
Je suis touchée par ses arguments, c'est décidé, elle emmène Padou.

Mais jamais je n'ai été tranquille avec cette adoption. Cette femme a eu "tout faux" depuis le début (nourriture pour chiens, collier de chien, mensonges…). J'en étais malade à chaque visite ! Son seul atout : elle a souffert, il a souffert, elle semble l'aimer et la petite fille aussi.

Les mois passent, deux années. J'ai de plus en plus d'appréhension à l'idée de lui rendre visite. Mais un jour, mon angoisse est trop forte ; n'y tenant plus, je par-viens à entraîner Bernard pour aller la voir.
Le cauchemar… Elle refuse de nous ouvrir et "aboie" qu'elle n'a plus le chat ! Nous insistons jusqu'à ce que sa fille aînée sorte de l'appartement : " Il est chez un ex- mari, il va bien."

"Ouf !…"

Nous nous rendons à la nouvelle adresse de Padou, il est neuf heures du soir, une petite fille nous ouvre. "Padou ? Il n'est pas là... " (Ses parents non plus.)
L'enfant semble terrorisée par mes jérémiades. (Bernard me dira plus tard qu'elle avait l'air de se sentir coupable). Elle finit par nous raconter que Padou avait peur chez eux, et qu'un jour il s'est sauvé par la fenêtre !

La petite fille semble dire quelque chose comme "il est dans un pavillon ", mais je n'entends et ne comprends plus rien ; ainsi mon intuition ne m'avait pas trompée, cette adoption a été une catastrophe et j'ai trop attendu pour venir au secours de ce pauvre Padou qui n'avait rien demandé ! Je me culpabilise, je suis désespérée, il est perdu, perdu à tout jamais !
Bien trop malheureuse, je ne peux me résigner, pas encore ; nous attendrons le retour des parents de la fillette.


En effet, l'enfant n'a pas dit n'importe quoi : son père confirme la fuite de Padou par la fenêtre et… qu'il est persuadé l'avoir revu, par hasard, dans la cour d'un pavillon ! Pas très loin.
Toute la famille nous y conduit sur le champ, malgré l'heure tardive, et Bernard et moi décidons de revenir le lendemain matin, un peu sceptiques…
 
Réveillés aux aurores par l'excitation, nous voici devant la maison. Nous commençons par interroger une boulangère : "Oui, il y a des chats dans ce pavillon, un chat noir ? Oui je crois."

Hésitants, nous nous approchons de la grille de la maison…

Un chat noir est là, qui miaule.

Je dis à Bernard : " Tiens, il y a un chat noir…"

"Mais, cette voix…mais, cette petite tâche blanche sur le dos…?"

Je me tourne vers Bernard ; l'air déjà émerveillé, il me crie :
" Mais c'est lui ! Tu vois bien que c'est lui !".

C'est lui ! Mon Dieu, c'est lui... il nous regarde, il miaule.

"Regarde comme il est devenu beau ! Il a tellement grossi, je ne le reconnaissais pas. Et ses pattes arquées ! C'est lui, c'est vraiment lui ; et sa mâchoire de travers ! C'est toi, Padou ! C'est bien toi !"

Nous sommes restés un long moment à savourer ces retrouvailles, longtemps après que Padou se soit lassé de nous voir plantés là, devant sa maison, et se soit volatilisé dans son jardin.

"C'est un miracle !" n'arrêtais-je pas de répéter," c'est un miracle."

J'ai téléphoné au propriétaire du pavillon, il m'a raconté que Padou est arrivé "de nulle part", dans son jardin, un jour de tempête, en miaulant désespérément. Cette personne a mis, comme nous, des petites annonces partout, sans résultat.

Nous ne saurons jamais d'où venait Padou, mais il n'a plus quitté son nouveau maître. Il m'arrive de passer devant la maison de Padou, jamais je ne l'ai revu.

Ce matin là, il avait eu l'air de nous attendre.

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commentaires

V
<br /> <br /> Que de chats ! Et que de belles histoires ! <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> racontées telles quelles...<br /> <br /> <br /> ce fut ma première expérience d'écriture, lol<br /> <br /> <br /> merci valentine<br /> <br /> <br /> <br />
S
je suis heureuse que Padou ait trouvé une "bonne" maison!
Répondre

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