Quatrième chat-pître
Toujours à l'affût du moindre chat en difficulté, je repère un magnifique chat roux, plus exactement orange, qui erre lentement dans les jardins.
Un beau jour, s'enhardissant un peu plus qu'à l'ordinaire, il s'approche. Nous lui proposons une assiette de nourriture, mon "test" habituel. Très concluant le test : il a fallu quatre assiettes pour combler cette pauvre bête !
Bernard et moi, nous nous regardons, désolés (nous ne pouvons quand même pas adopter trois chats…). Nous le laissons repartir, lentement, comme à son habitude.
Le suivant du regard, je lance : "Et voila, une fois de plus, il doit se dire qu'on ne veut pas de lui."
A l'instant précis où j'ai prononcé ces paroles, le chat s'est retourné et, en courant, alors qu'il semblait si fatigué, nous a rejoint !...
C'est Bernard qui a craqué. Il s'est penché vers le chat pour lui offrir une caresse : un amour ! Mon compagnon a pris sa décision sur le champ. Le soulevant dans ses bras, il a dit d'un ton décidé : "Je le mets dans le studio !".
(Ce studio que nous louions pour rien aura au moins servi à "cha". . .)
Jamais je n'oublierai l'arrivée du chat roux dans le petit appartement. Il s'est laissé tomber lourdement sur le lit, raide et immobile, je l'ai cru mort. (On ne peut imaginer l'émotion qui submerge ces pauvres bêtes errantes quand ils trouvent enfin un toit).
Je me suis étendue sur le lit. C'est alors qu'il a fait quelque chose qu'aucun autre chat ne m'a jamais fait. Il est monté sur moi, décidé, (je n'étais pas très rassurée) et s'est allongé tout prés de mon visage ; il a mis ses pattes AUTOUR de mon cou et m'a "couverte de baisers" ! Quelle émotion !
J'ai passé la nuit avec lui, impossible de dormir ! Dès que je le regardais il sautait sur moi. Et je ne pouvais pas m'empêcher de le regarder...
Je passais d'étonnement en étonnement ; mais enfin d'où venait ce chat ? Quelle était son histoire ?
N'y tenant plus, je mène mon enquête. Ce chat était connu pour avoir été tout bonnement abandonné par sa maîtresse, dans la rue, après avoir sauté par la fenêtre (évidemment, il n'était pas castré). Une voisine.
Prenant contact avec cette dernière, j'apprends qu'elle hésitait à le reprendre parce qu'il avait... des puces ! Il errait dans la rue depuis des mois ! Nourri, en cachette de leurs parents, par des enfants ! Furieuse, j'ai fait signer à cette ingrate une lettre d'abandon officielle (totalement "bidon" évidemment).
Petites annonces, c'est reparti ! Il nous a fallu six mois pour trouver un maître à Gavy, que j'avais baptisé "Gavroche" à cause de sa fourrure orange. C'est tout simplement le frère de Bernard qui l'a adopté, après beaucoup d'hésitations.
Ainsi, Gavy fait encore partie de nos vies.