Deuxième chat-pître : "La consolatrice".
Tistou était mort depuis six mois. Nous avions découvert par "hasard" un livre dont la première photo était celle d'un chat noir, et la première phrase :
" C'était Francoise, ils se sont enfin décidés à reprendre un chat !"
L'écrivain Philippe Raguenau et sa femme étaient en proie aux mêmes interrogations que nous : fallait-il oui ou non "remplacer" le disparu ?
A Noël, une amie me propose de garder son chat pour les vacances. Nous acceptons immédiatement et préparons la maison comme si nous attendions un enfant adopté. (Nous étions mûrs à point).
Quand mon amie me décrit notre futur petit pensionnaire, je vais de surprise en surprise :
" Quoi ! Elle est noire ? Comme Tistou ! Comment ? Elle s'appelle Toutsy ? L'inverse de Tistou !"
Ben oui quoi...
Mon cœur s'est rempli facilement. Je ne peux que très chaleureusement conseiller aux personnes ayant à faire le même deuil que nous de reprendre assez rapidement un chat.
A peine la porte s'est-elle refermée sur mon amie, que la jeune Toutsy s'est immédiatement couchée sur le dos, nous offrant son ventre ! Je n'en revenais pas. Elle qui ouvrait de grands yeux interrogateurs dans cette nouvelle maison, ne comprenant visiblement rien à ce qui lui arrivait … Quelle faculté d'adaptation, quelle confiance innée ces animaux sont capables de nous donner ! Comme les enfants...
Comment exprimer le soulagement que l'on éprouve à refaire spontanément les gestes quotidiens (interrompus si brutalement quelques mois auparavant), comme de se pencher pour donner à manger, préparer une litière en un temps record avec une sensation de fierté du devoir accompli... Quel sentiment de plénitude ! Toutsy a dû se sentir rassurée par mon assurance et mon bien-être.
A son retour, mon amie m'annonce tranquillement :
"Si tu la veux, tu peux la garder. Elle est à toi".
Elle était déjà à nous. Depuis le jour où nous avions lu ce livre.
Elle a pris sa place sur le rebord du canapé, suivant les traces (réelles ou télépathiques je ne le saurai jamais) de Tistou : se vautrer sur le radiateur, ou me devancer dans l'escalier au moment où je décide de monter me coucher.
Discrète, jolie au dire de tous, Toutsy ne monte pas sur les genoux. Mon cœur commence à se serrer. Et si je n'arrivais jamais à l'aimer autant que Tistou ?